Agro-industrie, une fuite de dollars par milliards
Imaginez acheter des fraises auprès d'une petite ferme locale comparé à des fraises produites par une multinationale et importées de Californie. Dans le premier cas, votre achat aide à soutenir l'économie locale, à maintenir les emplois dans votre communauté et à promouvoir des pratiques agricoles durables. Dans le second cas, une grande partie de votre argent quitte la région, contribuant peu à l'économie locale et souvent avec un impact environnemental plus élevé. Selon la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI), chaque dollar dépensé dans une PME permet de garder 0,66 $ dans l’économie locale, comparativement à 0,11 $ lorsque l’argent se retrouve entre les mains d’une multinationale. Cet écart significatif démontre l'impact majeur de nos choix de consommation sur l'économie locale et, par extension, sur notre société toute entière.
Soutenir l'économie locale et les PME alimentaires
Les petites et moyennes entreprises (PME) de production alimentaire représentent des dizaines de milliers d'entreprises à travers le Québec. Ces entreprises font face à des défis économiques sans précédent, exacerbés par la concurrence des grandes multinationales. En soutenant ces PME, non seulement nous aidons à préserver les emplois locaux, mais nous renforçons aussi la résilience de notre économie. Selon un sondage d’Angus Reid pour le compte de la FCEI, les Canadiens sous-estiment souvent l'impact des PME sur l'économie locale. Alors que les répondants pensent qu’il reste en moyenne 0,38 $ par dollar dépensé dans une PME, la réalité est bien plus favorable à l'économie locale.
Impact économique des marchés fermiers
Un parallèle intéressant peut être fait avec une étude du Groupe de travail sur la mise en marché des produits de spécialité, publiée en 2011 par le ministère des Affaires municipales, des Régions et de l'Occupation du territoire (MAMROT). Selon Otto et Varner (2005), chaque dollar dépensé dans un marché fermier de l’Iowa génère un effet multiplicateur total de 2,05 $. Cela signifie qu'en plus des ventes directes, les marchés fermiers stimulent l'économie locale par des ventes indirectes et des revenus additionnels. En termes d'emploi, chaque emploi créé dans ces marchés engendre près de 0,5 emploi supplémentaire dans d'autres secteurs de l'économie.
Investir dans nos systèmes alimentaires territorialisés
Pour assurer l'avenir du Québec, il est crucial de développer des systèmes alimentaires territorialisés (SAT). Ces systèmes favorisent l'autonomie alimentaire, réduisent les impacts environnementaux et améliorent la sécurité alimentaire ainsi que l'accès à une alimentation saine pour tous. En développant des liens plus étroits avec nos fermes locales, nous pouvons créer des réseaux de production et de distribution plus durables et résilients.
Les municipalités régionales de comté (MRC) jouent un rôle central dans le soutien aux SAT et aux entreprises locales à travers les Plans de développement de la zone agricole (PDZA). Un PDZA est un document de planification visant à mettre en valeur le territoire et les activités agricoles d’une MRC. Réalisé en concertation avec les acteurs du milieu, il permet de dresser un état des lieux et de définir les possibilités de développement des activités agricoles. Le PDZA est une réflexion collective sur la meilleure façon de mettre en valeur le territoire agricole et d’y développer des activités agricoles et complémentaires.
Le rôle des MRC est crucial pour dynamiser nos régions, en stimulant l'emploi et en offrant des services de proximité. Les PDZA permettent de valoriser les entreprises agricoles et leurs produits, d’accroître ou de diversifier les productions et les modes de mise en marché. Ils fournissent une connaissance approfondie du territoire et des activités agricoles, identifiant les forces, les défis et les opportunités, et mettent en place des actions pour développer le milieu.
Les SAT permettent de réduire les émissions de gaz à effet de serre en diminuant les distances de transport. De plus, ils favorisent des pratiques agricoles durables qui préservent les écosystèmes et les sols. Les produits issus de ces systèmes sont souvent de meilleure qualité nutritionnelle et offrent une plus grande diversité gustative, contribuant ainsi à la richesse de notre patrimoine culinaire.
Investir rapidement dans un avenir souhaitable
Pour soutenir cette transition vers des SAT, il est essentiel de mettre en place de nouvelles politiques bioalimentaires. Ces politiques ne devraient pas se baser uniquement sur le prix le plus bas, mais plutôt sur la qualité des produits, leur impact environnemental et leur contribution à l'économie locale. Encourager l'achat local dans les institutions publiques telles que les écoles, les hôpitaux, les garderies et les résidences pour personnes âgées est une piste prometteuse. Ces pratiques renforcent la demande pour les produits locaux, stimulant ainsi la production et l'emploi dans notre région.
Comme l’a souligné François Vincent, vice-président à la FCEI, les PME jouent un rôle crucial dans la vitalité de nos collectivités. Il est donc impératif que les gouvernements mettent ces entreprises au centre de leurs politiques publiques pour un avenir durable et prospère.
Retrouver le rapport de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) Petite entreprise, grandes retombées : La contribution des petits détaillants à l’économie locale