Article publié le
26/4/2024
Billet

Dehors les poules ! - Chroniques de La Ferme impossible

Explorez les saisons agricoles à travers les yeux de Dominic Lamontagne, qui nous emmène dans un voyage captivant au cœur de la vie à la ferme. Dans cette série d'articles, Dominic Lamontagne met en lumière l'importance vitale d'une alimentation durable et responsable, célébrant le travail essentiel des agriculteurs artisans. Plongez-vous dans ces récits pour redécouvrir le lien précieux entre notre nourriture, notre santé et notre planète.

Ne manquez pas le précédent article de Dominic Lamontagne : Le coup de grelinette.

Force est d’admettre que l’essentiel de ce que nous consommons aujourd’hui provient d’une agriculture irresponsable, parce que « croissantiste », donc déraisonnable, mécanisée, donc polluante, synthétique, donc stérile. Face à un avenir incertain, une omniculture responsable, portée par une nuée de citoyens-paysans me semble être la meilleure voie à suivre.

Abattre ses poulets à l’automne, ses chevreaux au printemps, ramasser ses œufs, traire ses chèvres, faire du fromage, composter son fumier, faire pousser ses fruits et légumes, permet de se nourrir de façon responsable. Le bûcheronnage, la cueillette sauvage, la fabrication de savon à lessive en utilisant de la cendre de bois et la confection d’éponges à récurer en cultivant des luffas, permet de combler plusieurs besoins de base de façon responsable.

C’est ce que nous faisons ici à la maison – il ne nous en coûte qu’une heure ou deux par jour en moyenne, nous laissant amplement de temps pour faire un tas d’autres choses ensuite – et force est de constater que notre empreinte globale est beaucoup plus légère que celle de bien des gens qui ignorent tout, ou presque, des origines, pour ne rien dire de la trace, de ce qu’ils consomment pour se nourrir, s’habiller et se loger.

Voilà pourquoi je milite sans relâche en faveur de l’empaysannement du monde. Je souhaite que nous soyons huit milliards à nous intéresser à notre autonomie élémentaire. À temps complet pour certains, à temps partiel pour la plupart, quelques heures ou quelques jours par semaine, et chacun à sa manière, selon ses dispositions particulières.

Sans doute voudra-t-on m’expliquer, chez les citadins, qu’on est déjà passé par là et que c’était une époque miséreuse. De la même manière, peut-être cherchera-t-on à me convaincre, chez les villageois, que la paysannerie, ce n’est pas une vie, mais une condition malheureuse et précaire imposée aux pauvres par les riches.

Qui sont les vrais pauvres? Ceux à qui on doit tout donner, aurais-je envie de dire; celui qui est incapable de subvenir à ses besoins de base est un nécessiteux. Celui qui en est capable est fortuné. Voilà comment je vois les choses.

Le 1er avril, après avoir passé l’hiver dans notre grande serre-potagère, nos 30 poules et 3 coqs reprennent le champs… enfin, elles ressortent dehors; le champ est toujours sous la neige ici à Sainte-Lucie-des-Laurentides, à 500 mètres d’altitude, en zone de rusticité 3a. Nos deux chiens recommencent à passer la nuit dehors, dans le portique. Ils « veillent aux poules ». Depuis le 1er novembre, date à laquelle les poules quittent le pâturage pour regagner la serre-potagère, ils dormaient dans la maison.

La ferme se réanime tranquillement, c’est le début du printemps.

Plongez dans la suite de cette chronique : Mise bas à la ferme impossible - Chroniques de La Ferme impossible

Artisan fermier et auteur militant, Dominic Lamontagne exploite une petite ferme de production vivrière avec sa famille à Sainte-Lucie-des-Laurentides. Il milite en faveur d’une omniculture responsable. Il est l’auteur de La ferme impossible (2015), de L’artisan-fermier (2019), co-auteur de La chèvre et le chou (2022) et a participé au film documentaire La ferme et son État (2017) de Marc Séguin.